Des oasis sur Titan

Cassini a décovert des lacs aux Tropiques de Titan. Ils seraient alimentés par des sources souterraines. Crédit: NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute


C'est une première: la sonde américaine Cassini a détecté ce qui semble être des lacs de méthane, aux latitudes tropicales de Titan.

Jusqu'à présent, tous les lacs qu'elle avait identifiés se situaient aux pôles du satellite de Saturne.

Gigantesques lacs tropicaux
Dans la région tropicale de Shangri-la, non loin de là où le module Huygens a atterri en 2005, Cassini a photographié plusieurs étendues sombres similaires aux lacs de méthane liquide détectés aux pôles. C'est ce qu'a découvert l'équipe de Caitlin Griffith, du JPL, en dépouillant des données recueillies par l'instrument VIMS de la sonde.

Certains de ces lacs tropicaux sont gigantesques. L'un d'entre eux mesurerait 60 km de long, pour 40 km de large - soit presqu'aussi long que le lac Léman et trois fois plus large ! Sa profondeur, en revanche, est bien plus modeste: seulement 2 m.

Des sources souterraines de méthane
Cette découverte crée la surprise: "Tous les lacs que l'on avait trouvés jusqu'ici étaient aux pôles du satellite. À ces points les plus froids de Titan, le méthane se maintient via un cycle : les lacs s'évaporent, puis les nuages précipitent, et ainsi de suite", explique Pascal Rannou, spécialiste du climat de Titan à l'université de Reims.

"Mais sous les tropiques, l'atmosphère est très sèche, si bien qu'elle pompe la moindre étendue liquide sans la restituer. Un lac, même vaste, ne peut pas y subsister plus d'une année, à moins qu'il ne soit alimenté en permanence par une source souterraine", ajoute le chercheur.

C'est probablement ce qu'il se passe, avance Caitlin Griffith, car les lacs ne sont pas récents. L'équipe les a repérés sur des clichés de VIMS de 2004 à aujourd'hui.

Ces sources aquifères de méthane, véritables oasis dans le désert, permettraient d'expliquer pourquoi l'atmosphère de Titan contient encore du méthane, alors même que cet élément ne subsiste que 20 millions d'années dans l'atmosphère avant d'être photodissocié (cassé par le rayonnement solaire).

Des étendues liquides ?
Le scénario est séduisant. Mais il reste encore à confirmer que les étendues noires photographiées par VIMS sont bel et bien liquides. "Pour cela, il faudrait les observer avec le radar de Cassini. Exactement comme ce qui a été fait pour le lac Ontario, au pôle Sud. S'il révèle une surface très lisse, ce sera bon signe", indique Pascal Rannou.

Pour plus d'informations sur les lacs de Titan, reportez-vous au numéro de Ciel & Espace de juin 2010.

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