Liberty, un lanceur mi-Ariane, mi-navette

Le lanceur Liberty, sur sa tour de lancement (vue d'artiste), ressemble à Arès 1 imaginé dans le cadre du programme Constellation. Crédit : ATK.

Les compagnies spatiales ATK et Astrium ont annoncé un projet de nouveau lanceur, pour envoyer des astronautes américains vers la Station spatiale internationale (ISS). Baptisé Liberty, celui-ci serait composé d'un premier étage à poudre identique à celui partiellement développé par ATK pour feu le projet Ares 1 et d'un deuxième étage à carburant liquide qui ne serait autre que le corps principal de la fusée européenne Ariane 5, avec son moteur Vulcain.

Liberty, fusion de la navette et d'Ariane 5

Selon ATK et Astrium, cet assemblage haut de 90 m permettrait de lancer 20 tonnes en orbite basse. Les différentes capsules ou mini-navettes imaginées par les industries privées ou par la Nasa pourraient aisément prendre place au sommet de la fusée.

Avantage : l'ensemble utilise des éléments existants et éprouvés. Le premier étage à poudre n'est autre qu'un booster de navette spatiale américaine allongé d'un segment. ATK a déjà procédé avec succès à un essai statique de cet élément. De son côté, le premier étage d'Ariane 5 a été validé par 41 lancements réussis. Pour ATK et Astrium, ces deux étages, qualifiés pour les lancements de vaisseaux habités, promettent un taux de fiabilité, donc de sécurité, inégalé.

Le projet de lanceur Liberty. Crédit ATK

Ci-dessus, le projet de lanceur Liberty proposé par ATK et Astrium. Crédit : ATK.

Un lancement dès 2013 ?

Liberty pourrait être lancé une première fois dès 2013, selon ATK et Astrium. Les infrastructures au sol existent puisqu'elles ont été construites au Centre spatial Kennedy, en Floride, pour permettre un premier lancement d'Arès 1-X, le 28 octobre 2009.

Ce lanceur, qui s'intégrerait dans l'appel d'offres de la Nasa fait aux industries privées pour donner un moyen d'accès à l'orbite aux équipages américains, affiche un autre atout : en étant prêt rapidement, il réduirait la période pendant laquelle les États-Unis resteraient sans accès indépendant à l'espace pour ses astronautes.

La vidéo ci-dessous (en anglais) dévoile le projet Liberty :

Une course au vol habité et au marché

Avec ce projet, ATK et Astrium entrent dans une compétition déjà engagée par Space X, Boeing et Lockheed Martin. Dernier argument des deux industries spatiales : le coût d'un lancement serait de seulement 180 millions de dollars contre 187 à l'aide des Atlas V, actuellement en service aux États-Unis.

ATK, qui a fourni 214 boosters aux navettes spatiales en 30 ans, est l'un des plus gros employeurs de l'Utah et se trouve actuellement menacé par l'arrêt des vols de navettes et par l'abandon du programme Constellation incluant Arès 1. Le projet Liberty, s'il était accepté par la Nasa, lui permettrait de créer 300 à 400 emplois et de sauvegarder la filière de production de propulseurs à poudre.

Astrium, fort de ses succès avec Ariane 5, aurait avec Liberty un beau débouché commercial sur le marché américain, jusque-là totalement fermé.

Dès mars 2011, on saura si Liberty rafle l'essentiel des 200 millions de dollars proposés par la Nasa aux industries privées pour développer un système de lancement des astronautes vers l'ISS.

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