L’ombre d’Apophis s’éloigne

Même si le risque de collision avec Apophis s'éloigne, l’astéroïde coupe régulièrement l'orbite de la Terre. L'illustration ci-dessus est un photomontage. Crédit: Nasa/C&E Photos.

Le risque d'impact entre l'astéroïde Apophis et la Terre vient d'être revu à la baisse. Des observations menées au Pic du Midi début 2011 ont en effet permis d'affiner la connaissance de l'orbite de ce corps menaçant, d'une taille de 270 mètres.

Dans la zone d'incertitude de sa trajectoire -une ellipse d'environ 68x858 km-, six orbites dangereuses étaient encore possibles. Avec les nouvelles données, la zone d'incertitude s'est réduite à une ellipse de 64x524 km, mais surtout, elle s'est déplacée.

Il ne reste plus que trois trajectoires capables de mener à une collision en 2068, 2085 ou 2088. Mais, pour David Bancelin, astronome à l'IMCCE et co-auteur de ce résultat, « la probabilité est désormais infime ». En effet, pour être menaçant, l'astéroïde devrait se trouver actuellement avec une précision de l'ordre du centimètre sur l'une des trajectoires dangereuses !

Ci-dessous, Apophis observé le 7 mars 2011 avec le télescope de 1 mètre du Pic du Midi.
Crédit : Observers: F. Colas, F. Vachier, M. Birlan(IMCCE).

Apophis au pic du midi mars 2011

Un avenir incertain

Même si le risque est proche de 0 dans le siècle qui vient, ces nouvelles observations ne rendent pas pour autant Apophis inoffensif. Il continuera à flirter régulièrement avec la trajectoire de la Terre. Mais comme la connaissance fine de l'orbite de l'astéroïde se dégrade avec le temps, « au-delà de cent ans, les prévisions deviennent trop imprécises pour en tirer une conclusion significative », indique David Bancelin.

En cas de collision avec notre planète, ce corps de 270 mètres de diamètre libérerait autant d'énergie que 34 000 bombes d'Hiroshima. Sur la terre ferme, l'impact se sentirait sur plusieurs centaines de kilomètres. Dans l'océan, ce serait encore pis : le tsunami occasionné atteindrait 170 mètres de hauteur et une vitesse de 100 km/h !

Un astéroïde médiatique

Lors de sa découverte en 2004, Apophis avait momentanément fait la une des médias. Et pour cause : les premières estimations de sa trajectoire conduisaient à un risque de collision non négligeable 13 avril 2029 (un vendredi, ça ne s'invente pas). Cette première estimation lui avait valu « l'honneur » de grimper au niveau de risque 4/10 sur l'échelle de Turin. Pour la première fois, un astéroïde menaçant connu, avait une probabilité supérieure à 1% d’entrer en collision avec la Terre. Du jamais vu ! Mais aujourd'hui, à moyen terme, il n'est plus que de 0 sur cette même échelle.

C'est notamment pour devancer la menace de ces fameux astéroïdes géocroiseurs que plusieurs télescopes scrutent inlassablement le ciel. Comme le montre la vidéo ci-dessous, nous avons récemment franchi le cap du demi-milllion d'astéroïdes connus, mais il en reste beaucoup de la taille d'Apophis à débusquer.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Avec Desi, une nouvelle fissure ouverte en cosmologie ?

    La première année d’observation du relevé céleste Desi suggère que l’énergie noire, qui accélère l’expansion de l’univers, pourrait avoir varié dans le temps. Un résultat qui défie notre compréhension de l’évolution cosmique et qui suscite tour à tour prudence, enthousiasme et curiosité chez les spécialistes.

  • Kamo’oalewa, l’astéroïde cible de la sonde Tianwen 2, est bien un morceau de Lune

    Le petit corps céleste qui gravite sur une orbite très voisine de celle de la Terre semble avoir la Lune pour origine. Outre sa composition, des simulations de trajectoire militent en ce sens. Un cratère est même suspecté : Giordano Bruno.

  • Expansion de l’Univers : la tension s’accroit sur la constante de Hubble

    L’Univers est en expansion. Soit. Mais à quelle vitesse ? Selon la méthode utilisée, ce taux d’expansion, ou constante de Hubble, varie. Et les mesures les plus récentes viennent encore confirmer cette tension. Au point que des cosmologistes mettent en cause les modèles théoriques les mieux établis.