La recherche de la vie sur Mars se complique

Les couches géologiques de Mars contiennent des molécules organiques, mais sans doute d'origine abiotique. ©NASA/JPL/Cornel/C&E Photos

Pendant au moins 4,2 milliards d'années, la planète rouge a fabriqué des molécules organiques, riches en carbone, par des processus purement géologiques.

Ce résultat, tiré de l'analyse de onze météorites martiennes, va peut-être compliquer la tâche du rover américain Curiosity — qui doit se poser dans le cratère martien Gale le 6 août 2012.

Il signifie en tout cas que la détection de ces molécules par Curiosity ne pourra pas être considérée comme la trace d'une vie passée. Il tranche aussi un vieux débat chez les planétologues.

Organique n'est pas vivant

Contrairement à ce que laisse penser leur nom, hérité d'une époque où on les croyait consubstantielles du vivant, les molécules organiques ne sont pas spécifiquement liées à la vie. Sur Terre, certaines réactions chimiques abiotiques les produisent aussi.

Mais jusqu'à aujourd'hui, il n'était pas clair que ces réactions puissent avoir lieu sur Mars. Il n'était même pas certain que les molécules organiques découvertes dans les météorites martiennes provenaient de la planète rouge.

Une contamination sur Terre était toujours possible. Ces molécules pouvaient aussi avoir été apportées sur Mars par des météorites.

Formées dans les roches

L'étude menée par Andrew Steele (Carnegie Instiution of Washington) et ses collègues montre que les molécules organiques extraites des météorites martiennes ont bel et bien été fabriquées sur Mars. Mais elles n'ont rien à voir avec la vie.

Grâce à toute une panoplie de techniques en laboratoire (spectroscopie Raman, spectrométrie de masse...), les chercheurs ont compris qu'elles s'étaient formées dans les roches magmatiques de la planète rouge, pendant au moins 4,2 milliards d'années.

Guider Curiosity

Si cela complique à première vue le travail de Curiosity, « cela nous donne aussi une vision plus précise de la planète Mars », se félicite Marc Fries, l'un des auteurs de l'étude. Dans l'immédiat, les scientifiques espèrent bien que ce résultat leur permettra de mieux guider les recherches de Curiosity. À terme, il doit aider à tirer des conclusions plus fiables sur la présence ou l'absence de vie sur Mars.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • La Chine compte se poser sur Callisto dans la prochaine décennie

    La mission chinoise d’exploration Tianwen-4 n’ira finalement pas vers Uranus après avoir atteint Jupiter. Elle se consacrera plutôt à l’étude de sa lune Callisto, autour de laquelle elle devra se satelliser. Information Ciel & Espace : elle y déposera aussi, en douceur, un engin d’une tonne.

  • La Maison-Blanche veut en finir avec le SLS, Orion et la station Gateway

    Dans une version préliminaire adressée au Congrès américain, le budget fédéral 2026 proposé par la Maison-Blanche cesse de financer la fusée ultralourde SLS de la Nasa, sa capsule habitée Orion, ainsi que la station spatiale Gateway sur orbite lunaire.

  • Comment rapatrier des astronautes en urgence depuis l’espace ?

    La mésaventure survenue à Butch Wilmore et Sunita Williams, bloqués dans l’ISS pendant neuf mois, a exposé au grand jour une question : comment faire pour porter secours à des astronautes dans l’espace ? Depuis Apollo 13, ce cas de figure est étudié par la Nasa, notamment dans la perspective des missions lunaires.