Le lac Vostok, eldorado des exobiologistes

Le lac Vostok est sur le territoire antarctique russe. © Nasa/Ciel et Espace Photos.

L'épaisseur de 3768 m de glace qui recouvre le lac Vostok est percée depuis le 5 février 2012.

En réalisant cet exploit technique au cœur de l'Antarctique, les Russes ont mis fin à 20 millions d'années d'isolement pour ce réservoir d'eau de 250 km de long.

Des micro-organismes adaptés à un milieu hostile ?

Les exobiologistes y voient un laboratoire unique. "Cet environnement peut ressembler à la planète Mars dans le passé, lorsqu'elle était plus loin du Soleil", estime Frances Westall, du Centre de biophysique moléculaire d'Orléans. Il sera intéressant d'étudier comment se sont adaptés des micro-organismes à ce milieu hostile.

“Ils seront sans doute semblables à ceux que l'on connaît déjà, mais ils auront subi une évolution spécifique. Là où il faudra chercher des différences, c'est dans les sous-espèces”, explique Frances Westall.

Ce milieu peut ressembler aussi à l'océan prisonnier sous la surface glacée d'Europe, l'un des satellites de Jupiter.

Ci-dessous, une vue radar du lac. © Nasa.

Futur terrain d'essai pour les sondes spatiales ?

"Le forage de Vostok peut devenir intéressant pour tester de l'instrumentation, celle qui sera peut-être envoyée un jour vers Europe par exemple", note Frances Westall. En effet, "la difficulté pour forer la croûte de glace d'Europe et atteindre son océan est comparable", explique l'exobiologiste François Raulin, du Lisa (Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques, CNRS).

Ci-dessous une coupe schématique du forage. Crédit DR.

Plus de 20 ans d'efforts

Le forage du lac Vostok a débuté en 1989, mais il s'est arrêté en 1998 à 188 m du lac, sous la pression de la communauté internationale. Les chercheurs craignaient une contamination de l'eau avec des bactéries de surface. Après avoir changé de technique, les Russes se sont remis à l'ouvrage en 2006. Néanmoins, les craintes de contamination par des organismes extérieurs sont toujours présentes chez les scientifiques extérieurs au projet.

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