Nasa : le successeur de Hubble sauvé, la science sacrifiée

Face au dépassement de budget du JWST, la Chambre des représentants avait d'abord prévu l'abandon du successeur d'Hubble. Mais devant l'insistance du Sénat pour poursuivre le financement, la Chambre a finalement sauvé le JWST. Crédit: ESA

Le budget de la Nasa pour l'année 2012 est désormais ficelé à 17,8 milliards de dollars, soit 648 millions de moins que le budget 2011.

La science, et notamment l'exploration planétaire, risque de pâtir de cette sévère restriction.

Le scénario du pire évité

Un peu plus tôt cette année, la Chambre des Représentants avait proposé une somme plus faible encore: 16,8 milliards de dollars. Mais sous la pression de plusieurs organisations, notamment la Planetary society, elle a révisé sa copie.

La science sacrifiée au JWST

Les 17,8 milliards de dollars finalement alloués devraient être répartis comme suit:

• 3,8 milliards pour l'exploration spatiale, soit 30 millions de moins qu'en 2011. Une somme notamment destinée au développement du nouveau vaisseau d'exploration habitée, le MPCV (Multi-purpose crew vehicule), qui reprend le concept de la capsule Orion.


• 4,2 milliards pour les opérations spatiales, notamment l'achèvement de la Station spatiale internationale. C'est 1,3 milliards de moins qu'en 2011. Une baisse qui s'explique par l'abandon du programme navettes.


• 5,1 milliards seront dédiés aux missions scientifiques. 155 millions de moins qu’en 2011. Une faible baisse? Pas si l'on tient compte du fait que cette somme doit combler le dépassement de budget du James Webb Space Telescope (JWST, le successeur de Hubble), soit 380 millions de dollars.

Pour y parvenir, l'agence américaine devra procéder à des « coupes budgétaires adaptées dans les autres programmes scientifiques », comme l'indique le résumé du budget 2011 de la Chambre des Représentants.

ExoMars en difficulté

Déjà, la Nasa a refusé de s'engager auprès de l'ESA, après trois ans de négociations, pour réaliser ExoMars. Cette mission de retour d'échantillons martiens, dont le départ était programmé à l'origine pour 2016, n'est donc toujours pas financée.

Jean-Jacques Dordain, directeur de l'ESA, est actuellement en négociation avec les Russes pour tenter de trouver un lanceur en 2016. D'autres programmes, comme l'Europa Jupiter System mission (EJSM) à destination du satellite jovien Europe pourraient également se retrouver en difficulté.

L'Amérique déserte l'exploration

En 2013, de nombreuses grandes missions d'exploration planétaire à l'œuvre actuellement (Cassini, Mars Exploration Rover, Mars Global Surveyor, Mars Reconnaissance Orbiter) prendront fin. Et, à part Maven (mission d'étude de l'atmosphère de Mars) et EJSM, aucune mission de relève n'est actuellement prévue.

Dans une tribune publiée dans The Washington Times, Robert Zubrin, créateur de la Mars Society et grand avocat de la conquête de la planète rouge, estime que « l'Amérique déserte l'exploration ».

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