Le scénario de formation de la Lune remis en cause

Les échantillons lunaires ramenés par l’équipage d’Apollo 17 accréditent aujourd’hui la thèse d’une lune plus hydratée que prévu. Crédit : Nasa/Ciel et Espace Photos

Un nouvel examen des échantillons rapportés par Apollo 17 montre que la Lune aurait renfermé cent fois plus d'eau qu'on ne le pensait jusqu'ici.
Cela relance les hypothèses sur la formation de notre satellite.

De l'eau dans la lave lunaire
C'est en examinant des échantillons de magma lunaire rapportés par les astronautes de la mission Apollo 17, en 1972, que les chercheurs sont arrivés à la conclusion d'une Lune "humide". Ce magma, vieux de 3,7 milliards d'années, contient des molécules d'eau, ainsi que d'autres éléments volatils (fluor, chlore, soufre).

Ce qui surprend, ce sont leurs proportions, quasiment identiques à celles mesurées sur Terre dans du magma issu des dorsales océaniques. Certaines parties internes de la Lune auraient donc contenu autant d'eau que le manteau supérieur de la Terre, soit 100 fois plus que ce qu'on imaginait !

Les secrets du sol orange
"Hé ! Il y a du sol orange. S'il y a quelque chose qui ressemble à une altération due à une fumerolle, c'est bien ça." L'astronaute qui s'exclame devant cette découverte est Harrison Schmitt, géologue de formation, seul scientifique à être allé sur la Lune.

Lors d'Apollo 17, Gene Cernan et lui passent 22 h et 4 min à fouler le sol lunaire. Au cours de leur deuxième sortie, le 12 décembre 1972, ils inspectent le cratère Shorty et récoltent des échantillons de ce curieux sol orange, "quitte à abandonner une ou deux autres expériences prévues". Ils viennent en fait de trouver le magma qui révèle, aujourd'hui seulement, ses secrets.

Le scénario de formation de la Lune à revoir ?
Selon le schéma majoritairement admis, la Lune aurait été créée suite à la collision d'une planète de la taille de Mars avec la Terre, il y a 4,5 milliards d'années.

La nouvelle découverte ne cadre pas avec cette hypothèse : en raison de la température élevée engendrée par le choc, la plupart des éléments légers se seraient volatilisés. On ne devrait donc pas en retrouver autant.

Ironie de l'histoire, l'un des rares à ne pas croire à ce scénario était Harrison Schmitt : "Je n'adhère pas à la théorie du grand impact. Je crois que la Lune a été capturée", déclarait-il à "Ciel & Espace" en décembre 2002. Ce sont ses propres échantillons qui pourraient aujourd'hui lui donner raison, 30 ans après leur découverte.

L'eau des comètes évaporée ?
Autre hypothèse remise en cause, celle de l'origine de l'eau présente à la surface de la Lune. On supposait qu'elle venait de comètes ou de météorites. Elle pourrait tout aussi bien être le fruit des nombreuses éruptions volcaniques, dont la surface de la Lune garde la trace.

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