Les lasers verts sur la sellette

Les lasers d'une puissance de 5 à 10 mW utilisés par les amateurs ne sont pas sans danger : ils portent à plus de 1 km, et peuvent occasionner les lésions à l'oeil en cas d'exposition directe. Crédit : JL Dauvergne / C&E photos.

En pleine polémique sur l'utilisation des pointeurs lasers verts, la sénatrice Catherine Dumas considère les besoins des astronomes amateurs.

Ces outils sont de plus en plus utilisés par les astronomes amateurs pour montrer le ciel lors de manifestations publiques telles que les Nuits des étoiles ; d'autres encore s'en servent comme viseur en parallèle de leur télescope.

Une menace réelle pour l'aviation civile

« Plus de 600 plaintes ont été relevées en moins d'un an pour des tirs au laser contre les avions à l'approche des aéroports d'Orly et de Roissy », a souligné la sénatrice.

L'affaire est prise au sérieux : le 31 août 2010, un homme de 20 ans a été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir pointé un laser sur le cockpit de trois avions de ligne au moment de leur atterrissage à Orly (Val-de-Marne). « L'atterrissage est une phase cruciale et il y a eu des crashes pour moins que ça », a argumenté Maxime Malka, avocat d'Air France.

La réaction du législateur

Catherine Dumas a donc fait adopter un amendement au projet de loi Loppsi 2 (Loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure). Celui-ci stipule que « le fait d'acheter, de détenir ou d'utiliser un appareil à laser non destiné à un usage spécifique autorisé d'une classe supérieure à 2 est puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende. Est puni des mêmes peines le fait de fabriquer, importer, mettre à disposition à titre gratuit ou onéreux, détenir en vue de la vente ou de la distribution gratuite, mettre en vente, vendre ou distribuer à titre gratuit ces mêmes matériels. » Les lasers de classe 3, utilisés par les astronomes amateurs, sont donc directement visés.

Et les astronomes dans tout ça ?

Mais, pour l'heure, rien n'est joué car les décrets d'application ministériels ne sont pas encore promulgués. Alertée par plusieurs astronomes amateurs, Catherine Dumas se révèle sensible à leurs besoins.

En réponse à un mail récent adressé par Thierry Gauthier, passionné d'astronomie, elle a répondu : « J'ai déjà prévenu le cabinet du ministre de l'Intérieur sur la nécessité d'inclure, lors de la publication du décret qui précisera "les usages spécifiques autorisés pour les appareils à laser", une rubrique scientifique dans laquelle figurera l'astronomie. »

« Vous pourrez continuer de vivre votre passion sans aucun souci supplémentaire », a-t-elle ajouté. Pour l'heure, l'avenir de cet outil dans nos pratiques reste néanmoins suspendu aux décisions de l'Hôtel Beauvau.

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