Neuvième planète : une équipe française indique où chercher

Si elle existe, la neuvième planète serait comparable à Neptune (ici, une vue d'artiste). Crédit : Caltech/IPAC

La traque pour débusquer une neuvième planète dans le Système solaire s'intensifie.

Après l'annonce de la découverte d'une orbite possible par l'astrophysicien américain Mike Brown - quelque peu hâtive... -, le travail d'une équipe française permet de resserrer la zone de recherche.

« Nous sommes capables de dire où la neuvième planète ne peut pas se trouver » indique ainsi Agnès Fienga, cosignataire d'un nouvel article paru le 23 février 2016.

Avec Jacques Laskar, Hervé Manche et Mickael Gastineau, l'astronome de l'observatoire de Côte d'Azur s'est demandée si les perturbations gravitationnelles que la planète hypothétique de Mike Brown exerçait sur les planètes géantes était compatibles avec leurs mouvements.

Grâce aux mesures de la sonde Cassini entre 2004 et 2014, les plus précises actuelles, « nous avons pu étudier ces perturbations en instantané et sur une courte période de temps » explique-t-elle.

Si une neuvième planète existe dans le Système solaire, elle doit affecter les distances, comme celle de la Terre à Saturne, désormais connue avec précision.


Zone interdite pour la planète 9
Le travail des chercheurs indique que ce n'est pas le cas pour de vastes portions de l'orbite proposée par Mike Brown. L'équipe resserre ainsi la zone où la planète peut se trouver, en éliminant de larges zones. D'autres restent « possibles », c'est-à-dire que la précision est insuffisante pour conclure.

Mais le plus intéressant reste la petite zone de l'orbite proposée où la présence d'une planète est « probable ». « C'est une zone où l'ajout d'une neuvième planète améliore notre précision au lieu d'ajouter des anomalies, explique l'astronome. Si cela se confirme, cela serait très intéressant. Mais nous devons rester prudents. Nous vérifions actuellement qu'il ne s'agit pas d'une erreur. »

Les zones interdites et celles autorisées pour la planète 9

La traque sera longue
Par ailleurs, même si ces zones « probables » se confirment, elles ne s'appliquent qu'à l'orbite proposée par Mike Brown. « Or, elle n'est qu'une orbite parmi d'autres. Il peut très bien exister d'autres orbites compatibles à des distances et des inclinaisons différentes » prévient Agnès Fienga.

La scientifique souligne également que « cette planète serait sur une orbite si lointaine qu'il faudrait une observation de plusieurs semaines pour la voir se déplacer et donc la dévoiler. Sans oublier qu'avec sa magnitude très faible, le temps de pose requis sera très long. » C'est ce qui motive les équipes françaises à « affiner au maximum les zones de recherches avant de s'y atteler ».

Leurs efforts seront facilités par la poursuite des observations de Cassini après 2017, si elle est décidée, mais surtout par ceux de la sonde Juno en approche de Jupiter. « Nous devrions gagner encore un peu de précision sur notre orbite. Eliminer de nouvelles zones. » La quête s'annonce encore longue, conclut l'astrophysicienne, pour qui «rien ne sera certain tant qu'on ne l'aura pas observée directement. »

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