Accident du Spaceship 2 : le moteur hors de cause

Fusée Falcon 9. Crédit : Space X.

La destruction du vaisseau suborbital SpaceShip 2, qui a coûté la vie à l'un des ses pilotes Michael Alsbury ce 31 octobre, n'est pas due à une défaillance du moteur-fusée utilisé pour propulser l'engin.

Plusieurs faits étayent cette première conclusion de l'enquête, dont la découverte, parmi les débris, des réservoirs de carburant et du moteur lui-même. Ce qui écarte l'hypothèse de son explosion.

L'empennage déverrouillé prématurément
L'autre indice consiste dans une vidéo interne au cockpit qui montrerait le copilote, Michael Alsbury, en train d'actionner la manette qui déverrouille le système d'orientation de l'empennage. Or, selon Christopher Hart, président du National Transportation Safety Board (le NTSB, l'organisme américain chargé de l'enquête) : « La manette de verrouillage et de déverrouillage ne doit pas être mise en position déverrouillée avant que l'accélération dépasse Mach 1,4. Au lieu de cela, cela est arrivé approximativement à Mach 1. »

Le SpaceShip 2, largué peu avant par son avion porteur (le White Knight 2 à plus de 16000 m d'altitude) n'avait entamé son vol propulsé que depuis 9 secondes. Selon la télémétrie, le moteur-fusée fonctionnait normalement jusqu'au déploiement prématuré de l'empennage.

Erreur de pilotage ?
Toutefois, pour qu'il change de position, l'empennage doit être commandé par un manche, ce qui n'a visiblement pas été le cas. La vidéo prise à l'intérieur du cockpit ne montre à aucun moment Michael Alsbury agir sur ce manche. Reste à savoir ce qui a poussé le copilote à déverrouiller ce système.

À ce stade de l'enquête, l'erreur humaine n'est pas exclue. Mais rien non plus ne permet d'affirmer qu'elle est à l'origine du drame qui s'est joué dans le ciel du Nouveau-Mexique. D'autant que ces faits, s'ils innocentent le moteur, ne suffisent pas encore pour conclure qu'ils sont la cause de l'accident.

Le témoignage du pilote, Peter Siebold (qui a réussi à s'éjecter en parachute et qui a été grièvement blessé), pourra peut-être permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé à bord pendant cette phase du vol.

Destruction en vol de SpaceShip 2

Ces trois images extraites d'une vidéo du 31 octobre 2014 montrent successivement le largage du SpaceShip 2
par le WhiteKnight 2, le début de sa phase propulsée et la destruction du vaisseau. ©DR.

Le tourisme spatial retardé
Le vaisseau SpaceShip 2 était conçu pour emporter, lors de chaque vol, six touristes fortunés à 100 km d'altitude et leur permettre de ressentir pendant quelques minutes la sensation d'apesanteur. Mais l'engin accumulait les problèmes techniques. Le plus sérieux provenait de son moteur dont le mélange de carburants hybride entre solide et liquide ne fonctionnait pas.

Les ingénieurs de Virgin Galactic, qui compte opérer ces vols, avaient donc changé l'un des ergols pour cet essai, seulement le quatrième au cours duquel le moteur a été mis à feu. Bien que le moteur ne soit vraisemblablement pas la cause de l'accident, la destruction de l'appareil devrait entraîner de nouveaux retards dans le programme. La commission d'enquête du NTSB devrait en outre se poursuivre pendant des mois.

Mise à jour du 4/11/2014

Dans un communiqué de presse, Virgin Galactic a indiqué qu'un deuxième exemplaire du SpaceShip 2 était actuellement en construction et qu'il était à 65% terminé. Le vols pourraient donc reprendre dès que l'appareil sera achevé, sous réserve des conclusions de l'enquête.

Pour en savoir plus

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