Kepler 78b : découverte d'une planète impossible

crédit : David A. Aguilar / CFA

Des astronomes viennent de mettre la main sur une petite exoplanète, qui tourne en seulement 8h30 autour de son étoile. Elle ne devrait pas exister...

Kepler 78b, d’abord détectée par le satellite Kepler, a été observée depuis la Terre par deux équipes indépendantes. Elle est 1,2 fois plus grande et 2 fois plus massive que la Terre, probablement constituée de roche et de fer, et navigue à moins de 1,5 million de kilomètres de son étoile (à titre de comparaison, Mercure gravite à environ 50 millions de kilomètres du Soleil). Sa surface, portée à plus de 2 000°C est en fusion. D'après la théorie de formation des planètes, une telle proximité est totalement impossible !


Une planète à l'intérieur d'une étoile


Lorsque ce système s'est formé, l'étoile était beaucoup plus grande qu'elle ne l'est aujourd'hui, ce qui signifie que si Kepler 78b s'est formée là où elle se situe actuellement, elle était contenue à l'intérieur de son étoile ! Un scénario évidemment impossible.


Difficile d'imaginer non plus qu'elle se soit formée plus loin puis qu'elle ait ensuite migré. En effet, le processus de migration a lieu très tôt dans l'histoire d'un système, au moment où l'étoile est encore très grande, très turbulente. Kepler 78b n'a pas pu migrer jusqu’à la position qu’elle occupe actuellement, car elle se serait retrouvée, de la même manière, à l’intérieur de l’étoile…


Même densité que la Terre


Parmi les planètes découvertes à ce jour, la nouvelle venue revêt une autre particularité : elle est quasiment de même densité que notre planète, avec 5,3g par centimètre cube, contre 5,5 pour la Terre.
“C’est la première fois que nous mesurons la densité d’une planète de taille similaire à la Terre, souligne François Fressin, actuellement au Harvard Smithsonian Center for Astrophysics (CFA), l’un des auteurs de la découverte. Nous n’avons pas la garantie que toute planète de la taille de la Terre soit rocheuse, même si nous le suspectons fortement.”


Une nouvelle catégorie de planètes ?


Pour David Latham, également du CFA, Kepler 78b fait partie d’une nouvelle classe de planètes récemment identifiées, qui tournent en moins de 12 heures autour de leur étoile (Kepler 42c est également dans ce cas). Alain Lecavelier, de l’institut d’astrophysique de Paris, se demande pour sa part s'il ne s'agit pas tout simplement d’une “petite Corot 7b”. Cette planète, repérée en 2009 par le satellite Corot, est 1,7 fois plus grande et 5 fois plus massive que la Terre, et tourne en 20 heures autour de son étoile. “Ce n’est que lorsqu’on aura détecté plus d’objets de ce type que l’on saura si Kepler 78b et Corot 7b sont dans deux catégories vraiment distinctes ou si l’on a affaire au même type d’objets”, poursuit Alain Lecavelier.


Condamnée à la désintégration


Quelle que soit sa nature, Kepler 78b est condamnée à être désintégrée, d’ici 3 milliards d’années, dans les flammes de son étoile.


Ce sont 1 038 planètes qui ont à ce jour été détectées. La barre des 1 000 a été franchie le 22 octobre 2013. Le numéro d’octobre de Ciel & Espace est consacré à cette incroyable moisson de nouveaux mondes.

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