La Nasa au chômage technique

Aux États-Unis, tous les services de l'État jugés « non-essentiels » sont à l'arrêt, à compter du 1er octobre 2013. Parmi eux, l’agence spatiale américaine.

L'agence spatiale américaine est l'une des administrations les plus touchées par le « shutdown », l'actuel blocage du gouvernement fédéral. Néanmoins les sondes ne sont pas à l'arrêt, et « Mission Control » veille toujours sur ses astronautes...


97% des employés renvoyés chez eux


Au Congrès, démocrates et républicains n'étant pas parvenus à un accord sur la manière de financer les différentes administrations fédérales au terme de l'année fiscale 2013 (le 30 septembre), tous les services de l'État jugés « non-essentiels » sont à l'arrêt, à compter d'aujourd'hui, 1er octobre 2013.

Parmi eux figure la NASA. Ainsi, 97% des 18 134 employés de l'agence spatiale américaine ont reçu ordre de rentrer chez eux. Ils sont au chômage technique. Voici le message que l'on peut lire actuellement sur le site de la Nasa:


Les sondes spatiales en stand by?


Cela signigie-t-il que toutes les sondes Nasa actuellement en mission dans le Système solaire (Curiosity, Mars Reconnaissance Orbiter, Opportunity, Cassini...) ne peuvent plus recevoir de commandes des ingénieurs au sol? Que ces derniers ne traitent plus les données récoltées? Heureusement, non.

Ces sondes sont en effet pilotées par le JPL (Jet Propulsion Laboratory). Or, si le gouvernement fédéral finance cette institution, elle ne paie pas ses employés. C'est le Caltech (California Institute of Technology), un institut privé, qui s'en charge.

C'est une bonne nouvelle, notamment parce que ce 1er octobre 2013, Curiosity doit observer la comète ISON alors qu'elle passe au plus près de la planète rouge...

MAVEN en danger

Quant aux activités dédiées à la préparation des missions, « elles cesseront également, à moins que ces missions ne soient déjà sur le pas de tir », prévoit le « guide de la Nasa en cas de shutdown ». Ce qui pourrait se révéler problématique pour la mission MAVEN.

Dédiée à l'étude de l'atmosphère de Mars, MAVEN est actuellement en chambre stérile au centre spatial et subit une dernière phase de test avant son lancement, prévu le 18 novembre 2013. Dans le pire scénario, si le « shutdown » devait durer, MAVEN pourrait, faute de travail préparatoire, manquer sa fenêtre de tir et être reportée à début 2016. Un retard qui coûterait des millions de dollars à la Nasa.

Assurer la sécurité des astronautes de l’ISS

Au sein de la Nasa, quelques rares employés ne cesseront pas le travail. Le 27 septembre 2013, peu avant le coup d'arrêt, Elizabeth Robinson, responsable du pôle finance de l'agence spatiale, avait communiqué à l' « Office of Managment and Budget », à Washington, les services qui devaient absolument demeurer actifs en dépit du shutdown :

« Pour protéger la vie de l'équipage actuellement à bord de l'ISS, nous devront continuer à être opérationnels, même en temps de blocage budgétaire, écrit-elle. [...] Nous devrons envisager l'éventualité, en cas de shutdown prolongé, d'envoyer vers l'ISS une mission de ravitaillement, voire de relève, si nécessaire.  [...] Si des satellites sont en phases opérationnelles importantes, nous devront poursuivre les tâches essentielles à sa sécurité. »

Au chômage technique, et pas payés

Un mémo interne indique que les milliers d'employés de la Nasa concernés par le shutdown ont interdiction de venir travailler, même de façon volontaire, interdiction de travailler depuis chez eux, interdiction de se servir des outils (ordinateurs, téléphone) de l'agence.

Les scientifiques, ingénieurs ou astronautes actuellement en voyage ont ordre de s'arranger pour rentrer chez eux au plus vite, « mais pas en première classe », spécifie le document. Par ailleurs, ces employés ne seront pas payés durant le shutdown et n'ont pas la garantie d'être payé rétroactivement une fois qu'il sera levé.

Depuis 1976, c'est la 17e fois que le gouvernement fait face à un shutdown. Le plus long d'entre eux a eu lieu entre 1995 et 1996, sous l'administration Clinton, et a duré 21 jours.

Note: Nous ne pouvons malheureusement pas vous fournir les liens du mémo interne, la lettre de la NASA à l'Office of Managment and Budget et les différentes missions Nasa, car le site de l'agence, sur lequel ils se trouvaient est actuellement hors service.

(Mise à jour le 1er octobre 2013, à 22h49)

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