Une planète errante détectée non loin de la Terre

Cette planète flottante navigue à 100 années-lumière de la Terre. Elle a peut-être été éjectée de son système. ©ESO/L. Calçada/P. Delorme/Nick Risinger (skysurvey.org)/R. Saito/VVV Consortium

Des astronomes ont détecté une planète flottante, naviguant sans étoile parente, à seulement 100 années-lumière de la Terre. C'est la plus proche jamais détectée.

Dans le cadre d'un relevé systématique de naine brune — ces étoiles avortées de plus de 13 fois la masse de Jupiter —, réalisé avec le Very Large Telescope (Chili) et le télescope Canada-France-Hawaï (Hawaï), les astronomes sont tombés sur CFBDSIR2149.

« La lumière que cet astre émet ne correspondait pas avec celle d'une naine brune classique, raconte Philippe Delorme, de l'observatoire des sciences de l'univers de Grenoble et premier auteur de la découverte. Il était beaucoup plus froid: seulement 430°C contre 650°C habituellement, ce qui nous laissait penser qu'il était peu massif. »

4 à 7 fois plus massive que Jupiter

Pour déterminer sa masse plus précisément, l'équipe devait connaître son âge. En effet, les planètes se refroidissant au cours du temps, un objet apparaît brillant soit parce qu'il est jeune, soit parce qu'il est massif. Dès lors, pour une luminosité donnée, plus un objet est jeune, moins il est massif.

« Or, nous nous sommes aperçus que CFBDSIR2149 faisait très probablement (à 95%) partie du courant d'étoile AB Doradus et qu'elle affichait donc le même âge que les étoiles qui le composent (nées toutes en même temps): entre 50 et 120 millions d'années, explique le chercheur. De ce paramètre, nous avons déduit sa masse: entre 4 et 7 fois celle de Jupiter, soit beaucoup moins que la moins massive des naines brunes, nous avions bel et bien affaire à une planète. »

Du méthane et de la vapeur d'eau dans son atmosphère

Ce n'est pas la première fois que les astronomes mettent la main sur une planète flottante. « Mais toutes celles qui ont été détectées jusqu'à présent (en majorité, dans les amas) étaient 3 à 5 fois plus distantes que CFBDSIR2149, précise Philippe Delorme. Avec celle-ci, nous avons obtenu des données de bien meilleure qualité: nous avons par exemple réussi à identifier du méthane et de la vapeur d'eau dans son atmosphère. »

Une planète éjectée de son système ?

À l'heure actuelle, il est impossible de savoir comment s'est formée CFBDSIR2149. « Soit elle est née par effondrement d'un grumeau de gaz, à la manière d'une étoile, soit elle s'est formée comme une planète, par accrétion de petits planétésimaux au sein d'un système, et a ensuite été éjectée de ce système », poursuit le chercheur.

Ce dernier scénario est tout à fait plausible: des modèles montrent en effet que le phénomène d'éjection est relativement banal dans la galaxie et qu'une planète en a peut-être fait les frais dans notre propre Système solaire (voir Ciel & Espace de mars 2012).

400 milliards de planètes flottantes dans la Voie lactée

Des travaux basés sur la détection de planètes par microlentilles ont montré que les planètes flottantes seraient deux fois plus nombreuses que les étoiles (écouter à ce sujet notre podcast "Des exoplanètes par centaines de milliards").

Dans notre galaxie, on compterait donc 400 milliards de planètes vagabondes. Mais rassurez-vous: aucune d'entre elle, pas même CFBDSIR2149, n'est en route pour percuter la Terre le 21 décembre 2012. Définitivement, Nibiru n'existe pas.

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