Le journal de bord de Thomas Pesquet (23)

À la Cité des étoiles. © GCTC
Chaque mois, l’astronaute Thomas Pesquet raconte les coulisses de son entraînement aux lecteurs de « Ciel & Espace ». Découvrez le quotidien de celui qui s’apprête à vivre six mois en orbite à bord de la station spatiale internationale (ISS) et deviendra en novembre prochain le dixième Français à voler dans l’espace.

Episode 23 : Cinq sur cinq

« Je me sens vraiment prêt à piloter le Soyouz, et j’ai hâte ! Il y a une dizaine de jours, Peggy, Oleg et moi avons passé nos examens à la Cité des étoiles, en tant que doublure de l’équipage qui part le 7 juillet 2016. J’ai donc passé une heure en centrifugeuse avec Oleg (qui sera commandant de bord) pour simuler un retour sur terre en mode manuel, puis nous avons eu deux heures d’examen sur du pilotage plus conventionnel, nous avons simulé un rendez-vous avec la station en mode dégradé, etc.

L’examen consiste aussi à répéter une journée entière dans l’ISS. Tous les oublis, toutes les fautes sont consignés. Cela va de l’omission d’un appel vers le sol au cours d’une procédure, au défaut d’utilisation d’un linge lors de l’ouverture d’une boîte de conserve ! Et bien sûr, à la fin de la journée, les instructeurs nous collent une situation d’urgence pour pimenter le tout.

Des examens très solennels

L’originalité de l’entraînement côté russe est d’une part qu’ils font passer de véritables examens, très solennels (côté américain, l’évaluation des astronautes s’apparente plus à du contrôle continu), et d’autre part que l’équipage principal et la doublure passent l’examen final en parallèle. La tradition à Moscou, c’est que la doublure réussisse ses examens, tout en obtenant une note légèrement moins bonne que l’équipage principal. Or nous avons eu 5/5 partout, alors que nos collègues ont eu un 4,9 à l’une des épreuves ! Cela nous a valu quelques remarques sarcastiques ou amusées... Nous verrons quelles notes nous aurons lorsque nous repasserons ces examens pour notre propre lancement, en novembre 2016.

La fin des examens est fêtée comme il se doit, avec un gâteau aux armes du centre d'entraînement des cosmonautes Gagarine. ©. Pesquet

Pour moi, ça sera la troisième fois puisque j’ai déjà passé ces examens l’année dernière, lors du lancement d’Andy Mogensen, dont j’étais la doublure. J’ai donc aussi fait, deux fois, tout le parcours obligé d’avant-lancement : dépôt d’œillets devant les tombes de Sergueï Korolev et de Youri Gagarine au Kremlin, signature du registre des cosmonautes dans la maison où celui-ci a passé sa dernière nuit avant son vol... Je n’ai pas encore volé, mais je suis déjà un vétéran de la commémoration !

Cela dit, je ne me plains pas : je sais que je vais partir dans l’espace. Avant la mise en œuvre de l’ISS et son système de rotation à bord et d’occupation permanente, les astronautes qui s’entraînaient n’étaient même pas sûrs de partir un jour. C’est encore le cas en Chine : trois équipages sont sélectionnés pour chaque mission, et le choix de celui qui part n’est fait qu’à la dernière minute. Ensuite, pour chaque nouveau vol, les cartes sont rebattues. Ce qui fait qu’un taïkonaute peut très bien rester une doublure toute sa vie. Dur !

Pendant les cinq mois qui me séparent du lancement, je vais continuer à m’entraîner côté américain sur les sorties extravéhiculaires. Je vais poursuivre l’étude des expériences scientifiques que je devrai faire sur orbite. Et je vais me prêter plus fréquemment à mon rôle de cobaye, pour la collecte des données physiologiques d’avant-vol. Il reste beaucoup de mesures à faire ! »

 

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