La Chine interdite de conférence à la Nasa

Les résultats du satellite Kepler, le chasseur d’exoplanètes ? Des données “sensibles”, selon la loi américaine. ©DR

Plusieurs scientifiques chinois se trouvent interdits de participer à une conférence sur les résultats du satellite Kepler en vertu d'une loi anti-espionnage.

Début novembre, ladite conférence doit se tenir du 4 au 8 novembre 2013, au siège du laboratoire Nasa Ames, à Moffett Field, en Californie.

Mais l'interdit qui frappe les scientifiques chinois (entre autres) provoque un tollé parmi plusieurs astronomes américains qui ont annoncé leur intention de boycotter la rencontre.

Une loi contre l’espionnage

Pourquoi la Nasa refuse-telle d'accueillir les chercheurs chinois ? Tout simplement pour respecter une loi rédigée par le Républicain Frank Wolf, membre de la chambre des représentants, et approuvée en 2013 par le Congrès.

Cette loi interdit l'accès aux bâtiments de la Nasa à des ressortissants de certains pays. Ces ressortissants ne sont pas autorisés à participer aux activités Nasa. Cela, officiellement, afin de lutter contre l'espionnage. Ces pays sont : la Birmanie, l'Érythrée, la Corée du Nord, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Soudan, l'Ouzbékistan et la Chine.


Charles Bolden ne fait pas appel


« Nous voudrions que Charles Bolden, l'administrateur de la Nasa, fasse appel pour demander une exception, nous a confié l’astronome Geoffrey Marcy, l'un des responsables scientifiques du chasseur d’exoplanètes Kepler. Nous pensons qu'un congrès dédié à des planètes situées à des centaines d'années-lumière n'a aucune implication militaire. »


« Honteux et contraire à l'éthique »

Sollicité par le quotidien britannique The Guardian, l'astronome a déclaré en outre que cette affaire était « honteuse et contraire à l'éthique». Geoffrey Marcy a donc décidé de boycotter la conférence dont il était l'un des plus importants participants. Tout comme de nombreux collègues, dont Debra Fisher, professeur d'astronomie de Yale, qui a découvert ladite loi lorsque son doctorant chinois s'est vu refuser l'accès à la conférence.

Que va-t-il se passer désormais ? « Je ne suis pas responsable de cette conférence, mais il est possible qu’on l’organise autre part, en dehors du laboratoire Ames », indique Geoffrey Marcy. En dehors de tout laboratoire de la Nasa.

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