Europe, la lune active qui gagne en attractivité

Vue d’artiste du satellite Europe, devant sa planète Jupiter. ©Nasa/ESA
Avec de nouvelles observations du télescope spatial Hubble, le deuxième satellite de Jupiter est suspecté d’éjecter de la vapeur d’eau. Un indice de plus de l’existence de l’océan sous-glaciaire d’Europe, qui intéresse les exobiologistes.

Après un suspense d’une semaine savamment orchestré par la Nasa, la nouvelle est tombée : une équipe d’astronomes a observé ce qui semble être des éruptions gazeuses près du pôle sud d’Europe, le satellite glacé de Jupiter, d’une taille comparable à celle de la Lune. Les observations, qui datent de 2014, révèlent que cette activité ne se déclenche que de temps à autre : sur une période de 15 mois, au cours de dix passages d’Europe devant la planète géante, le phénomène a été aperçu trois fois seulement.

Des geysers de 200 km de haut

Selon les données recueillies grâce au télescope Hubble, ces émissions gazeuses épisodiques sont plutôt rectilignes et s’élèvent à environ 200 km d’altitude. Compte tenu de ce que l’on sait déjà d’Europe (sa surface est une banquise globale faite essentiellement d’eau glacée), les scientifiques considèrent qu’il y a de bonnes chances pour que le gaz relâché soit de la vapeur d’eau. En effet, les observations menées dans l’ultraviolet ont permis de noter une absorption de la lumière jovienne dans la longueur d’onde de l’oxygène et de l’hydrogène, qui composent la molécule d’eau. Ainsi, ces éruptions ressemblent à des geysers, comme ceux que la sonde Cassini a photographiés sur Encelade (même si le phénomène qui en est à l’origine diffère de celui des geysers terrestres).

Les éjections gazeuses d’Europe vues par le télescope Hubble. © Nasa/ESA

Un indice supplémentaire pour un océan global

Ce résultat publié par l’équipe de William Sparks, du Space Telescope Science Institute, à Baltimore, vient en compléter un autre, obtenu en 2012 par Lorenz Roth, du Southwest Research Institute à San Antonio, également avec le télescope Hubble, et qui avait révélé pour la première fois de telles éruptions.

La tentation est grande d’y voir des remontées d’eau de l’océan global suspecté depuis longtemps sous les glaces d’Europe. Toutefois, l’épaisseur de cette glace demeure inconnue et il n’est pas certain que le matériau expulsé vienne directement de la couche d’eau liquide. Quant au mécanisme responsable de cette activité, il est probablement dû aux forces de marées qui tiraillent Europe et qui l’échauffent en profondeur.

Objectif Europe !

Avant d’en savoir plus sur ces éruptions sporadiques, il faudra vraisemblablement attendre le futur télescope spatial James Webb (JWST), qui pourra mener des observations plus détaillées en infrarouge.

A plus long terme, la Nasa et l’ESA prévoient chacune d’envoyer une sonde dans le système de Jupiter. L’une d’elles, Europa Clipper (Nasa), devrait se satelliser autour d’Europe et pourrait éventuellement, comme l’a fait Cassini dans les geysers d’Encelade, traverser ces jets de vapeur d’eau présumée afin d’en « renifler » la composition avec l’un de ses instruments.

Cette annonce pourrait d’ailleurs jouer en faveur d’un lancement d’Europa Clipper, à bord d’une fusée géante américaine SLS autour de 2020. La puissance de ce lanceur permettrait de réduire le temps de voyage jusqu’à la planète géante à 3 ans.

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