Deux comètes foncent vers la Terre

Le lancement réussi d'une fusée Soyouz depuis la base sibérienne de Vostochny, ce 28 avril 2016 à 4h01 (heure de Paris), marque une nouvelle étape de l'histoire spatiale russe.

Le 22 mars, la comète P/2016 BA14 PanSTARRS frôle la Terre à moins de 10 fois la distance Terre-Lune, soit 3,4 millions de kilomètres. Et la veille, 252P/Linear passe à 5 millions de km.

La faible distance de la première ne constitue pas le record absolu ; une comète observée par Charles Messier en 1770 s'était approchée à 2,2 millions de kilomètres le 1er juillet de cette année-là.

Découverte le 21 janvier, P/2016 BA14 a d'abord été prise pour un astéroïde. Mais rapidement, l'astronome Russe Denis Denisenko a remarqué que l'orbite de ce corps céleste était très semblable à celle de la comète 252P/Linear, découverte en 2000. Des observations complémentaires ont confirmé la nature cométaire de P/2016 BA14.

Une comète fille de Linear

 

Il est donc très probable que P/2016 BA 14 soit un fragment de 252P/Linear, qui passe à un peu plus de 5 millions de km de la Terre le 21 mars. Cette dernière devrait alors avoir un éclat proche de la magnitude 6, mais elle se situera alors dans l'hémisphère sud. Heureusement, elle se déplace rapidement et gagne la queue du Scorpion le 25 mars. Elle est encore à 6 millions de km de la Terre et son éclat est peu affecté. Il y a néanmoins un bémol : la Lune alors située dans la Vierge est presque pleine ! Ce n'est qu'à partir du 1er avril qu'il devient possible d'observer la comète sous un ciel sans Lune. Ensuite, elle grimpe vers Ophiuchus où elle s'installe pendant quelques mois.

Ci-dessous la carte de visibilité de la comète Linear.

 

Un fragment à chercher en photo

 

Le présumé fragment P2016 BA14 sera bien plus discret que sa comète d'origine avec une magnitude annoncée de 12 au mieux. C'est faible, d'autant que la Lune est également gênante pour la repérer lors de son passage au plus près de la Terre le 23. Mais dès le 24, il est possible de l'observer sous un ciel noir en tout début de nuit. P2016 BA14 grimpe de la constellation du Lion vers la Grande Ourse.

Quoi qu'il en soit, il sera intéressant de suivre ces deux objets en photographie en raison de leur très grande proximité. Il est probable qu'ils aient une coma de taille apparente importante. La coma est en quelque sorte l'atmosphère des comètes. C'est une enveloppe de gaz en train de s'échapper et entretenue par le rayonnement du Soleil à la surface de la comète. La comète de 1770 par exemple a été décrite par Messier comme un objet de 4 fois la taille apparente de la Lune pour une magnitude de +2.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Avec Desi, une nouvelle fissure ouverte en cosmologie ?

    La première année d’observation du relevé céleste Desi suggère que l’énergie noire, qui accélère l’expansion de l’univers, pourrait avoir varié dans le temps. Un résultat qui défie notre compréhension de l’évolution cosmique et qui suscite tour à tour prudence, enthousiasme et curiosité chez les spécialistes.

  • Kamo’oalewa, l’astéroïde cible de la sonde Tianwen 2, est bien un morceau de Lune

    Le petit corps céleste qui gravite sur une orbite très voisine de celle de la Terre semble avoir la Lune pour origine. Outre sa composition, des simulations de trajectoire militent en ce sens. Un cratère est même suspecté : Giordano Bruno.

  • Expansion de l’Univers : la tension s’accroit sur la constante de Hubble

    L’Univers est en expansion. Soit. Mais à quelle vitesse ? Selon la méthode utilisée, ce taux d’expansion, ou constante de Hubble, varie. Et les mesures les plus récentes viennent encore confirmer cette tension. Au point que des cosmologistes mettent en cause les modèles théoriques les mieux établis.