100 millions de dollars pour la recherche Seti

Le mécène Yuri Milner et l'astrophysicien Stephen Hawking, lors de l'annonce du lancement de Breakthrough Initiative. ©E.Martin C&E photos.

Grâce à un investissement de 100 millions de dollars pour le programme Seti, la recherche du signal d'une civilisation extraterrestre, vient de faire un immense bon en avant.

Seti multiplie ses chances de détection
« Il n'y a pas d’interrogations plus fondamentales que “Sommes-nous seuls dans l'Univers ?” Il est temps de se consacrer à cette question, et de savoir si la vie existe au-delà de la Terre. Nous sommes vivants, nous sommes intelligents, nous devons savoir », déclare Stephen Hawking.

À la Royal Society, ce lundi 20 juillet 2015, l'astrophysicien britannique est notamment aux côtés de Franck Drake, le pionnier de la recherche Seti, et de Geoff Marcy, l'un des plus grands chasseurs de planètes extrasolaires.

Tous trois sont réunis pour annoncer la mise en place du programme « Breakthrough Initiative », composé de deux volets : « Breakthrough Listen » et « Breakthrough Message ».

Financé par Yuri Milner, ancien physicien aujourd'hui à la tête d'une fortune estimée à 3,2 milliards de dollars, ce programme doit permettre d'accélérer considérablement la recherche d'intelligence extraterrestre. « En un jour, Breakthrough Listen collectera plus de données qu'en un an avec les méthodes précédentes », a souligné l’Américain Geoff Marcy, lors de la conférence de presse.

Ci-dessous, de gauche à droite, l'astronome royal Martin Rees, le fondateur de Seti Franck Drake, l'écrivaine
et veuve de Carl Sagan Ann Druyan, et le chasseur d'exoplanètes Geoff Marcy. ©E. Martin/C&E Photos.


10 milliards de longueurs d'onde

« Nous ne savons pas dans quelle fréquence une éventuelle civilisation extraterrestre émet. Il faut donc scanner le maximum de longueurs d'onde, poursuit le chasseur de planètes. Breakthrough Listen permettra d’en scanner 10 milliards. »

« Contre 800 000 actuellement », précise Andrew Siemion, chercheur SETI, spécialiste de création de logiciels dédiés à l'université de Berkeley. Breakthrough Listen doit aussi permettre de sonder le ciel avec 50 fois plus sensibilité que précédemment, et d'observer beaucoup plus d'étoiles.

1 million d'étoiles à surveiller

À ce jour, seules 1000 étoiles environ ont été surveillées par Seti. Breakthrough Listen propose d'observer 1 million d'étoiles voisines du Soleil, ainsi que des étoiles situées dans le centre de la Galaxie. Il va également surveiller les 100 galaxies les plus proches à la recherche de signaux extraterrestres.

Les responsables du projet affirment que si une civilisation située sur l'une des 1000 étoiles les plus proches transmet un signal en notre direction avec un émetteur d'une technologie équivalant à celle d'un radar d'aviation, Breakthrough Listen pourra le détecter. De même, il suffira qu'une éventuelle civilisation située au centre de la Galaxie (c'est-à-dire beaucoup plus loin !) soit équipée d'une technologie 12 fois plus puissante que celle de nos radars interplanétaires pour que nous puissions la détecter.

Cette recherche de signaux extraterrestres sera menée avec le radiotélescope de Green Bank (Virginie, États-Unis), doté d'une antenne de 100m de diamètre, et celui de Parkes (Australie), doté d'une antenne de 64m. « Plus de télescopes seront mobilisés par la suite, indique Franck Drake, notamment le radiotélescope d’Arecibo (Porto Rico).

Les 100 millions de dollars devraient être dépensés comme suit : 1/3 pour acheter du temps d’observation sur ces deux télescopes (soit 15 à 20% de leur temps disponible), 1/3 pour payer les scientifiques impliqués dans le projet et 1/3 pour l'instrumentation », précise Andrew Siemion.

Cette instrumentation comprend non seulement des détecteurs capables de scanner le ciel dans des milliards de longueurs d'onde à la fois, mais également des logiciels pour analyser et stocker le nombre considérable de données collectées via ce programme.

10 gigaoctets à la seconde !

« Si l'on scanne 10 milliards de longueurs d'onde à la fois, nous collecterons 10 Go par seconde, explique Geoff Marcy. Rendez-vous compte : en une heure, ce sera des dizaines de téraoctets. En une année, des millions. Il est impossible de stocker toutes ces données. Il nous faudra les analyser en temps réel, à la sortie du télescope, et ne stocker que les plus importantes. »

« Mais même cet effort-là est titanesque et demande des logiciels totalement inédits. Nous sommes en train de les mettre en place », ajoute le chercheur américain. Une équipe d'ingénieurs  est actuellement en train d'être recrutée et doit être prête pour le lancement du programme, en janvier 2016.

Les responsables du projet ont insisté sur le fait que la totalité des données collectées sera entièrement rendue publique. Les citoyens, via un genre de nouveau Seti@Home, seront invités à les analyser. « Il est très possible que LE signal, le vrai, soit repéré non pas par un chercheur à l'université de Berkeley, mais par quelqu'un devant son ordinateur, en Bulgarie, en Russie ou en Inde ! »

Un message pacifique à trouver
Le second volet de Breakthrough Initiative est « Breakthrough Message ». Il s'agit d'un concours, doté d'un million d'euros et ouvert à tous, pour mettre au point le message le plus pertinent à envoyer à une civilisation extraterrestre, si d'aventure on en détectait une.

Au sein du panel, les avis sur le bien-fondé d'envoyer un signal aux extraterrestres ont divergé. Fidèle à ses positions, Stephen Hawking a soutenu qu'il était « hasardeux de vouloir entrer en contact avec une civilisation qui a peut-être un milliard d'années d'avance sur nous en matière de technologie et qui ne nous envisagera peut-être pas avec plus d'égards que les humains envers les bactéries. L’histoire a montré que les rencontres-chocs entre les civilisations ont toujours été au détriment des moins avancées. »

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